Le TSDI (Tourism Sustainable Development Index) est un indicateur de tourisme durable conçu par Murmuration et développé à partir de données spatiales d’observation de la Terre et de données socio-économiques.
Le TSDI reflète la corrélation entre le développement économique de l’activité touristique et son impact environnemental. Il est inspiré de l’Indice de Développement Durable (IDD) du professeur Jason Hickel qui souhaitait faire évoluer l’IDH (Indice de Développement Humain) en y intégrant l’impact environnemental.
La valeur ajoutée du TSDI est l’ajout d’une dimension touristique. De plus, l’IDD évalue les développements au niveau d’un pays, tandis que le TSDI obtient une mesure plus fine basée sur les données disponibles extraites des données de télédétection par satellite.
Le développement du TSDI a notamment permis la création d’une carte disponible sur le site de la plateforme de tourisme durable Flockeo. Cette carte offre aux voyageurs des informations scientifiques sur la durabilité d’un pays, les aidant ainsi à choisir une destination de vacances respectant les 3 piliers du développement durable.
Le tourisme durable est défini par l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) comme “un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs,en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil”. Il vise l’équilibre entre les trois piliers du développement durable dans la production et la réalisation d’activités touristiques.
Le tourisme durable relève également de la responsabilité individuelle des voyageurs. Ils peuvent agir en faisant attention à leur comportement en voyage (tri des déchets, respect des espaces protégés, utilisation de l’eau responsable, etc.) et à leurs choix de prestataire ou de destination.
Figure 1 – Les trois piliers du tourisme durable (Atout France)
Le TSDI est évalué par le croisement de deux composantes :
Le TSDI est un rapport mathématique entre ces deux facteurs. Le Développement Humain et Touristique est placé au numérateur. Meilleur il est, plus élevé est le TSDI. Le Risque Environnemental est placé au dénominateur. Plus il est important, plus le TSDI est bas. Chaque composante est développée à partir de sous-indicateurs. Le TSDI est évalué sur une échelle de 1 à 10
La santé est évaluée grâce à l’espérance de vie des habitants en comparant chaque pays avec la plus haute et la plus basse espérance de vie du monde. Les données proviennent de l’Insee.
Le niveau d’éducation est évalué en comparant chaque pays avec le pus haut niveau d’éducation du monde. Il est basé sur la moyenne entre le nombre d’années passées à l’école par la population adulte (+ 25 ans, sexes confondus) et l’espérance de vie à l’école de la maternelle aux études supérieures. Les données proviennent de l’Unesco.
La qualité de vie des habitants est évaluée par le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant. Le PIB par habitant est évalué en comparant chaque pays avec le pus haut et le plus bas PIB du monde. Les données proviennent du Fond Monétaire International.
Cet indicateur renseigne le nombre d’arrivées touristiques par an (tourisme international). Le nombre total de déplacements est divisé par la population du territoire afin d’obtenir un nombre de touristes par habitant. L’affluence touristique est évaluée avec un seuil fixé à 2 touristes
par habitant. Les données proviennent de l’OMT.
Cet indicateur expose les revenus touristiques générés sur un territoire. Un seuil est fixé à 10 milliards de dollars, au-delà duquel les pays qui le dépassent ont la meilleure note possible. Les données proviennent de l’OMT.
Cette composante est développée à part des sous-indicateurs suivants :
La qualité de l’air est évaluée sur l’année (année précédente de celle en cours). Les données satellites utilisées proviennent de “CAMS, Global atmospheric composition”.
Six polluants sont évalués selon les critères de l’OMS:
Les critères de l’OMS fixent des limites journalières à ne pas dépasser en ?g/m3. Les concentrations réelles des polluants du territoire sont moyennées sur la journée et sont comparées à ces limites. Si toutes les concentrations moyennes respectent ces limites, alors la journée étudiée est comptée comme un jour respecté sur la période étudiée. Ce processus va être répété sur chaque jour de la période étudiée afin d’établir par la suite un score évalué sur une échelle de 0 à 10. Si 90% du temps de la période étudiée, les polluants émis sont en-dessous des limites, alors le risque est considéré comme nul pour le TSDI. Grâce aux données satellites, tous les pays sont évalués sur cet indicateur.
Le score de Ressources en eau est évalué à partir d’un indicateur agrégé provenant de travaux du World Research Institute (plateforme Aqueduct). Il regroupe une douzaine d’indicateurs comme le stress hydrique ou le risque d’inondation. Ce risque est converti en score pour le TSDI. Le tout est converti en un score de 0 à 10. 127 pays sont évalués sur cet indicateur.
Ce sous-indicateur indique la préservation de la couverture forestière durant les 20 dernières années. Une territoire qui a préservé ou augmenté son couvert forestier pendant cette période sera bien noté. Au contraire, un territoire qui a pratiqué de la déforestation obtiendra une mauvaise note. La sources des données est l’indicateur “MOD44B.006 Terra Vegetation Continuous Fields Yearly Global 250m” du satellite Modis.
L’évolution de la forêt entre 2003 et 2010 est comparée avec l’évolution entre 2011 et 2020. Pour obtenir un risque nul, il faut que la forêt du territoire soit préservée. Si l’évolution de la forêt est négative, il y a donc de la déforestation et le risque environnemental augmente. Grâce aux données satellites, tous les pays sont évalués sur cet indicateur.
Un quatrième indicateur est ajouté afin de comparer les émissions carbone liées à la consommation des États (Global Carbon Atlas) avec les directives gouvernementales mises en place dans le cadre de l’Accord de Paris1
(Contributions Nationales Distribuées).
56 pays2 sont évalués sur ce sous-indicateur. Les données du Global Carbon Atlas réalisent des estimations sur les émissions carbone générées par la consommation du pays (production locale et importation) ce qui est différent des émissions territoriales (production locale et exportations). Les Contributions Nationales Distribuées sont étudiées dans le cadre de la réduction des émissions nettes. La différence entre ces deux données permet d’obtenir un score, toujours évalué de 0 à 10. Un écart maximum de 12,5% entre les décisions et les émissions réelles est toléré dans le cadre du TSDI.
Les territoires sont éligibles au TSDI s’ils fournissent à l’OMT des données à jour sur leur activité touristique. C’est la garantie que le pays a une activité touristique.
Un Etat est éligible au TSDI s’il fournit suffisamment de données pour calculer les différents sous-indicateurs. L’absence de données peut induire des résultats biaisés. Il est nécessaire d’avoir au moins deux indicateurs dans chaque composante du TSDI. De plus, si les indicateurs d’éducation et d’espérance de vie ne sont pas renseignés, alors la représentation de la population est nulle et donc le score du TSDI est pénalisé.
Dans ce classement, les dernières données disponibles sont utilisées pour chacun des indicateurs.
Classement du TSDI – ©Murmuration
Le tableau de l’ensemble des résultats est disponible en téléchargement ici : Pour obtenir plus de détails, contactez-nous à contact@murmuration-sas.com.
Le TSDI met en valeur le juste équilibre entre développement humain et environnemental. La pression touristique et/ou humaine se fait ressentir sur le score environnemental et donc sur le TSDI.
Plus le risque environnemental est élevé, plus le TSDI est mauvais. Le risque environnemental peut diviser jusqu’à 4 le TSDI. A l’inverse, si le risque environnemental est faible, le TSDI sera moins impacté, voire valorisé. Il peut être multiplié par deux dans le cas où aucun risque environnemental n’est détecté selon les critères du TSDI.
Exemples : le Costa Rica, premier pays du classement, présente peu ou pas de risques environnementaux. Il est donc valorisé et obtient une note de 7/10. Pour obtenir 10/10, le Costa Rica pourrait augmenter son attractivité touristique, ce qui augmenterait son score de Développement Humain et Touristique.
Le Canada se classe 56ème sur 155 dans le classement du TSDI. Ce pays a été pénalisé en Développement Humain et Touristique par une affluence touristique en 2021 proche de 1/10. Nous pouvons supposer que la crise de la Covid-19 est en partie responsable de ces chiffres. Le plus haut risque environnemental pour ce pays se situe au niveau de la qualité de l’air, où le Canada établit un score de 2.1/10. L’ozone est responsable de ce faible score. Ce gaz est produit en présence de forte chaleur. Il est également produit par le couvert végétal (35% du Canada est couvert de forêts). La formation de l’ozone est ainsi dépendante des conditions météorologiques (rayonnement solaire important, fortes températures) et de la géographie du pays. Le Canada est donc pénalisé dans le TSDI par l’ozone qui présente des risques pour la santé humaine en cas de trop grandes concentrations dans l’air.
Le TSDI est un indicateur de tourisme durable évaluant les pays selon une méthode scientifique. Les sous-indicateurs sont transparents et garantissent une analyse de risques environnementaux fiables, tout en considérant des indicateurs de développement humain essentiels. La carte des résultats du TSDI est disponible sur le site Flockeo.
Pour plus d’informations, contactez-nous à l’adresse @contact@murmuration-sas.com
Carte du TSDI : Flockeo
ATD : Acteurs du Tourisme Durable
Qualité de l’air : CAMS global atmospheric composition forecasts
Indice eau : Aqueduct Water Risk Atlas
Couverture forestière : MODIS de Google Earth Engine
Émissions de CO2 en comparaison avec les Contributions Déterminées au niveau National des Accords de Paris : Global Carbon Atlas, NDC database
Espérance de vie : Insee
Niveau d’éducation : UNESCO
Produit Intérieur Brut : IMF
Affluence et revenus touristiques : OMT
1L’Accord de Paris (2015) est un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Les Etats signataires s’engagent à maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. », https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris
2Les 56 pays évalués sont ceux qui visent à réduire leurs émissions d’ici 2030.